Brûler les ponts
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être photographe professionnel pour une seule raison : avoir la possibilité de marcher et photographier pour moi, où que je sois. J’aime photographier des craquelures sur le béton, une lueur dans un nuage, un bout de papier ou un pot de peinture qui a une drôle de forme. J’aime photographier les gens, tous les gens. Mais parce que je n’ai qu’une vie, je dois choisir. Souvent, je me laisse porter par une intuition totale, sans aucune sophistication intellectuelle. Je vais parler à tout le monde, et de préférence n’importe qui.
Bien sûr, ce que je viens de décrire est tout sauf la photographie professionnelle. Mais si ma vie professionnelle m’empêchait un jour de prendre les photos que j’aime, j’arrêterais immédiatement. J’ai eu la chance de pouvoir atteindre certains de mes rêves, notamment me présenter comme “Photographe de voyage” en travaillant essentiellement avec des agences ou des magazines de voyages. Au delà du plaisir mésestimé de rendre jaloux quelques rageux, accomplir ce type de rêve est tout sauf un chemin droit, lisse et bordé de petits anges tous nus qui chantent vos louanges en Indou. C’est dur, émotionnellement choquant, souvent tragique. Et pourtant, non seulement je recommencerais sans aucune hésitation, mais en plus je le conseille à ceux qui sont prêts à l’entendre.
Je ne crois pas qu’il faille suivre ses rêves aveuglément, bien au contraire. Mais si vous découvrez quelque chose qui vous accomplit pleinement, je suis convaincu qu’il n’existe qu’un seul moyen d’atteindre ses rêves : brûler les ponts qui vous y mènent. Je m’explique.
Premier conseil, qui peut-être vous explosera le cerveau comme moi quand je l’ai réalisé : un objectif, c’est un rêve avec une date. Je vais vous faire une confidence, je me suis longtemps cru incapable d’être indépendant, de travailler pour moi ou chez moi. Je me disais que ça n’était tout simplement pas mon caractère. Ce qui m’a sauvé : être une tête de mule. Et brûler des ponts. J’y viens.
Si vous voulez atteindre vos rêves, notez-les tous sur un carnet en les classant par catégories : développement personnel, vie professionnelle, loisirs (les voyages ou jouets viennent ici), et enfin comment vous pouvez aider un peu les autres. Reprenez vos quatre pages de notes, et mettez une date raisonnable pour réaliser chaque rêve. Choisissez-en un seul par catégorie pour l’année à venir. Et voilà ! Ces rêves sont maintenant des objectifs à atteindre, pour lesquels je vous conseille d’inscrire instantanément le plan d’actions qui doit vous y mener.
D’après Ralph Waldo Emerson :” à partir du moment où vous prenez une décision, l’univers va conspirer pour que cela se réalise“. Mais comment est-ce que vous pouvez effectivement prendre une décision qui vous mette sur ce chemin ? En brûlant les ponts, c’est à dire en étant absolument et totalement investi dans votre décision. Un autre penseur nous éclaire ici, Robert Brault, quand il dit : “ce qui nous empêche d’atteindre nos objectifs majeurs, c’est un chemin plus facile vers un objectif mineur”.
Brûler les ponts, c’est s’empêcher de faire demi-tour et être obligé de réussir. Alors évidemment, vous n’êtes pas forcé de suivre mon exemple quand je démissionnais de mon dernier job, sans chômage et sans client. Vous n’êtes pas obligé non plus de sortir un livre tous les ans quoi qu’il en coûte, comme je m’y suis résolu il y a maintenant trois ans. Mais vous pouvez vous investir tellement dans votre décision, dans la photographie ou non, pour atteindre ce point de non-retour que connaissent tous les entrepreneurs et qu’ignorent ceux qui ne font qu’en rêver.
Bien sûr, mon programme de mentorat a aussi cette fonction : vous mettre dans une position d’investissement personnel qui va tout accélérer. J’y développe aussi des méthodes qui doivent vous faire grandir tout en gardant une photographie qui vous soit personnelle, intime, unique.
Parce que je suis convaincu qu’on ne peut s’épanouir en photographie qu’en gardant ce qui en fait la flamme pour nous, et rien que pour nous. Rien ne remplace mon plaisir de sortir de chez moi et d’aller faire des photos dans la rue. Même si cela fait plusieurs mois que je passe tout mon temps devant mon ordinateur pour préparer des voyages, des ateliers et des formations. Je suis en train de brûler mes ponts, pour pouvoir continuer à vivre mes rêves.
L’homme orchestre
Un photographe professionnel est un homme orchestre. Quelle que soit sa spécialité, les genres pratiqués ou les clients qui lui font confiance. C’est vrai en 2021, mais c’était certainement le cas depuis les débuts de la photographie, en tout cas pour des photographes indépendants.
Il faut être capable de mener une activité d’entreprise seul en gardant une démarche personnelle, puisque elle seule permet de se différencier, ou simplement d’avoir des photographies à montrer.
Depuis 10 ans, les métiers que j’ai occupé sont nombreux :
Photographe de voyage, de rue, de villes, d’événements, de voitures, de mariages, culinaire, portraitiste, journaliste et combien d’autres…
Écrivain, journaliste, blogueur quand j’ai besoin d’écrire pour moi ou pour les autres.
Community Manager, ce mot fourre-tout pour dire qu’il faut savoir créer un site web et développer une présence, voire une communauté sur les réseaux 365 jours par an.
Entrepreneur, commercial, comptable, mais surtout stratège ou marketeur (quel horrible mot) quand il s’agit d’atteindre des objectifs de chiffre d’affaires.
Et aussi, travailler avec des galeries, monter des expos, développer des projets avec des startups (Artpoint) ou des grosses machines (Yellow Korner), éditer des livres ou des magazines.
Guide de voyage dans une dizaine de pays.
Enseigner, écrire des cours, développer la créativité chez d’autres et accompagner le développement personnel en photographie, amateure ou professionnelle.
Jamais je n’aurais imaginé être capable de faire tout cela, JAMAIS. Tout ce que je voulais, c’était faire des photos et espérer que certains soient assez fous pour m’en commander. J’ai réalisé très tard dans ma vie que c’était tout ce que je voulais faire, et rien d’autre. Dix ans plus tard, j’ai toujours mon appareil à portée de main et le même plaisir d’essayer de voir des belles choses ou de les montrer quand une photo est réussie.
Ce que cette liste ne dit pas, c’est d’abord que ces métiers ne se font pas tous en même temps, dans la même année ce serait impossible. Ensuite, ce qu’elle ne montre pas c’est l’aide que j’ai pu trouver chez d’autres photographes. Dans des livres souvent, et dans des discussions parfois. J’ai eu la chance de passer du temps avec beaucoup de photographes qui ont réussi, grâce à eux je me suis forgé des convictions et ai trouvé des méthodes que j’ai pu adapter à ma pratique ou à mes besoins.
On a toujours besoin d’un plus grand que soi, c’est ce que décrit très bien Robert Greene dans le livre “Mastery - Atteindre l’excellence” : pour progresser, il faut absolument s’appuyer sur d’autres. Encore cette année, j’ai choisi d’être aidé pour le projet développé pendant ma résidence artistique à Port-Fréjus, pour son écriture et pour l’édition du livre qui sortira l’année prochaine.
L’année dernière, je profitais du premier confinement pour demander une lecture de portfolio à un photographe que j’admire absolument. Cette lecture de portfolio m’a coûté cher, mais je n’en regrette pas un seul centime, elle a été l’occasion d’une prise de conscience qui m’a fait franchir une nouvelle étape.
Et depuis cette année, j’ai la chance d’avoir pu me mettre dans la peau de celui qui enseigne, de celui qui aide d’autres photographes à progresser. Quand je proposais mon programme de Mentorat, j’allais dans l’inconnu. Je n’avais jamais eu ce rôle et j’espérais que tout le monde puisse progresser de manière notable. Je peux maintenant dire que tous les participants ont progressé, d’abord dans leur photographie. Pour certains, leur carrière à décollé grâce aux projets développés pendant ce mentorat.
Je sais que ce programme peut faire une différence.
Et si vous êtes curieux, vous pouvez commencer par une lecture de votre portfolio.
Amour, photographie et chocolat
Cécile du podcast Rencontres m’a laissé raconter mes petites histoires, notamment comment je suis devenu photographe professionnel :
Vous pouvez retrouver le podcast sur votre plateforme préférée :
Photo de couverture de François Capdville.