Le syndrôme de l’étranger

De retour à Paris pendant deux semaines, j’ai eu la chance de pouvoir photographier tous les jours dans ces rues que je connais si bien. Après deux ans sans voir Paris, j’ai posé un regard neuf sur la ville et le quartier où je passais vingt ans.

Dans mes valises, sous les yeux, j’ai pris avec moi l’habitude d’observer plus franchement la lumière. Le soleil de juin à Paris ne pourrait pas passer pour celui de Salvador, mais j’ai pu observer avec plus d’attention comment il transforme la ville. Les gens sont différents, plus nerveux qu’à Bahia et rarement présents dans l’instant. Le rythme est tonique, jusqu’à ce que les terrasses des trottoirs nous arrêtent. Le ton est sec, comme pour se protéger des autres, en quelques heures je vois tout ce qui a changé chez moi.

À dire vrai, j’ai pu expérimenter ce que les expatriés ne connaissent que trop bien : je suis devenu étranger partout. À Salvador je serai toujours le Français, comme photographe on me demandera toujours si je connais Pierre Verger. À Paris, je retrouve les années passées sans me reconnaître dans une identité. Personne n’est Parisien, on le devient.

Le syndrôme de l’étranger est une mentalité que l’on transporte en voyage, que l’on expérimente furtivement en vacances. Il est toujours plus facile de photographier les autres quand on ne vit pas là. Pourquoi ? Parce que mon état d’esprit est différent, parce que j’ai soif de découvrir, de goûter, parce que j’ai faim de garder un souvenir. Parce que j’ai l’excuse de l’étranger, je peux photographier. C’est absurde. Si je ne suis pas capable de photographier dans mon jardin, comment est-ce que je pourrais prétendre sortir de vraies photos ailleurs ?

Il n’est pas plus facile de photographier ici ou là, selon que l’on soit étranger, apatride ou touriste. Il n’est pas possible de photographier en passant, il me faut absolument prendre le temps de la photo. Je veux prendre le temps d’être là, prendre à bras le corps la ville, me poser devant ceux qui y vivent et accepter d’être vu, photographiant.

Je suis Breton, je suis Français, je suis Parisien, mon nom est Italien ou Espagnol. Je suis étranger, je suis de Bahia, mon nom est Personne quand je suis à Paris.

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Mon nom est Personne - Parisiens, Juin 2021 - Photo Genaro Bardy

Genaro Bardy

Photographer & Writer

and now I guess… Youtuber

Dad of two, husband of the One

https://instagram.com/genarobardy
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