Cinéma et Photographie - Queen's Gambit

Je continue l'exploration de la cinématographie et de la composition dans les grands films. Après les valeurs de plan et les angles et points de vue, je vous propose ici l'analyse de la cinématographie d'une mini-série récente que j'ai adoré : Queen's Gambit (désolé, la traduction Française "Le jeu de la dame" est médiocre pour un joueur d'échecs).

Les amis de LogLine ont extrait des différents épisodes de Queen's Gambit certains plans merveilleux. Ils mettent en valeur le travail remarquable du Réalisateur Scott Franck et du Directeur de la Photographie Steven Meizler. On pourrait certainement aussi souligner la qualité du design et des costumes, mais nous concentrerons sur les éléments de composition et comment ils sont utilisés dans cette histoire.

Spoiler Alert : si vous n'avez pas vu Queen's Gambit, déjà qu'est-ce que vous foutez ici ? Il est temps de l'engloutir. Nous ne révélerons pas de détails du scénario, mais une image vaut parfois mille mots.

Symétrie - Créer un équilibre quand la moitié du cadre est identique (ou presque) à l'autre côté

Nombre d'Or - Les éléments intéressants sont dans la zone d'intersection,

souvent au centre pour attirer l'attention

Encadrement - Utiliser des cadres naturels pour les sujets

La règle des tiers

Notons que la règle des tiers n'est pas une règle, mais un outil :)

Règles des tiers - Les centres d'intérêts aux intersections

Règles des tiers - Les centres d'intérêts aux intersections

Règles des tiers - Les centres d'intérêts aux intersections

Règles des tiers - Les centres d'intérêts aux intersections

Symétrie

Symétrie - Créer un équilibre quand la moitié du cadre est identique (ou presque) à l'autre côté

Symétrie - Créer un équilibre quand la moitié du cadre est identique (ou presque) à l'autre côté

Cadre dans le cadre

Cadre dans le cadre - Utiliser des cadres naturels pour les sujets

Cadre dans le cadre - Utiliser des cadres naturels pour les sujets

Composer en triangle ou Pyramide

Pyramide - Placer les sujets ou éléments pour qu'ils forment un triangle

Pyramide - Placer les sujets ou éléments pour qu'ils forment un triangle

Le Nombre d'Or

Nombre d'Or - Les éléments intéressants sont dans la zone d'intersection,

souvent au centre pour attirer l'attention

Nombre d'Or - Les éléments intéressants sont dans la zone d'intersection,

souvent au centre pour attirer l'attention

Nombre d'Or - Les éléments intéressants sont dans la zone d'intersection,

souvent au centre pour attirer l'attention

Composition Circulaire

Circulaire - Placer les sujets ou éléments pour qu'ils forment un cercle dans le cadre

Circulaire - Placer les sujets ou éléments pour qu'ils forment un cercle dans le cadre

Circulaire - Placer les sujets ou éléments pour qu'ils forment un cercle dans le cadre

Contrastes

Contrastes - Trouver un contraste entre le sujet et l'arrière-plan

Contrastes - Trouver un contraste entre le sujet et l'arrière-plan

Contrastes - Trouver un contraste entre le sujet et l'arrière-plan

Lignes directrices

Lignes directrices - Les lignes naturelles emmènent le spectateur dans le cadre

Lignes directrices - Les lignes naturelles emmènent le spectateur dans le cadre

Profondeur

Profondeur et distance - Utiliser le premier plan, un plan intermédiaire et un arrière-plan pour créer de la profondeur, du contraste et du sens

Profondeur et distance - Utiliser le premier plan, un plan intermédiaire et un arrière-plan pour créer de la profondeur, du contraste et du sens

Profondeur et distance - Utiliser le premier plan, un plan intermédiaire et un arrière-plan pour créer de la profondeur, du contraste et du sens

Répétition et motifs

Répétition et Motifs - Trouver des éléments qui se répètent comme des lignes, formes ou couleurs

Répétition et Motifs - Trouver des éléments qui se répètent comme des lignes, formes ou couleurs

Juxtaposition

Juxtaposition - Placer les sujets dans des positions adjacentes ou opposées

pour créer des différences et du sens.

Juxtaposition - Placer les sujets dans des positions adjacentes ou opposées

pour créer des contrastes et du sens.

Juxtaposition - Placer les sujets dans des positions adjacentes ou opposées

pour créer des différences et du sens.

Voilà une bonne manière de travailler sa composition et de développer son regard, avec une bonne série !

Si vous en voulez encore, poursuivez avec ces deux articles :

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Inspiration Inspiration

Le jour où ma vie a changé

Il y a dix ans déjà, j'avais une envie irrépressible de continuer à faire de la photo autant que possible. Je voulais que ça devienne ma vie, mais n'avait aucune idée comment y parvenir. Ma rencontre avec une photographie m'a fait basculer en quelques secondes, voici comment.

À l'époque, j'allais voir toutes les expositions de photographies qui se présentaient. Quand la Bibliothèque François Mitterrand proposa "La Photographie en 100 Chefs d'Oeuvre", je n'hésitai pas une seconde. Entre des photos de Diane Arbus, William Eggleston, Garry Winogrand ou Henri Cartier Bresson, dont je ne connaissais presque rien et qui deviendront pour certains des inspirations de tous les jours, je m'arrêtais net devant la photo numéro 73. J'étais pétrifié, sidéré par une photo et son auteur.

Après avoir contemplé la photo d'un mandarin de pierre au Sichuan, je m'approchais pour en voir la description et le texte qui l'accompagnait. Quand je vis l'auteur de la photo, mon sang ne fit qu'un tour. L'auteur de cette photo était Victor Segalen, mon arrière-grand-père.

Victor Segalen est une figure imposante de la famille, qui a marqué toutes nos générations jusqu'à ce jour. Il se trouve que j'ai été élevé par son fils cadet, Ronan, mon grand-père, qui savait mieux s'occuper de ses garçons que de ses filles. De Victor Segalen, je connaissais surtout ses romans, ses tentatives de prix Goncourt, ses poèmes qui ont bercés mon adolescence, ses voyages et son exploration de l'anthropologie, sa relation avec la Chine du début du 20ème siècle. Je savais aussi les controverses, comment la vie sur la route et dans les livres s'était dissolue loin de ses enfants qu'il avait pour ainsi dire abandonnés. Je connaissais son accident, qui mit fin précocement à sa vie dans une forêt, un livre de Shakespeare à la main. Il était mort d'une blessure qu'un médecin aurait dû savoir soigner, cet accident avait tout l'air d'un suicide.

Je savais qu'il avait pris des photos dans ses voyages en Chine, mais certainement pas que quelqu'un pourrait les considérer comme chefs-d'œuvre du début de l'histoire de la photographie.

Ce choc visuel et émotionnel a persisté quelques années jusqu'à ce que je vive pleinement de la photo. Cette photo était comme un phare que je gardais en point de mire : on photographie ce que l'on vit. Si je veux photographier, je dois d'abord vivre.

Je reviens parfois sur le catalogue de l'exposition "La Photographie en 100 Chefs-d'œuvre" (toujours disponible, cliquez ici) pour chercher l'inspiration ou apprendre un bout d'histoire des grands maîtres qui le composent. Voici la page de la photo numéro 73, celle de Victor Segalen, mon arrière-grand-père.

Sichuan. Zhaohuaxian, mandarin de pierre

- 31 mars 1914 Tirage sur papier baryté

31 mars [1914] [...]

[Hien] sud 5 li [Kou Pai che lang mou] "Tombe très ancienne du Chelang Pai, stèle tumulaire détruite, mais [che jen, che ma] (homme de pierre, cheval de pierre) encore conservés", dit le T'ong tche, qui place cette tombe avant son énumération dynastique.

Nous allons donc au sud, 5 li. C'est en réalité au sud sud-est 5 li, au pied de la colline sud. Parmi la haute avoine verte, six blocs usés : du sud au nord : deux hommes, deux lions (?), deux chevaux.

Des deux hommes, celui de l'est garde encore sa tête et mesure 1,80 m, mais il est enterré jusqu'aux genoux. Les deux lions assis sont petits et sucés par la pluie. Les chevaux, taille petite, ont laissé tomber la partie inférieure de la tête ce qui leur allonge le cou comme un canard. Grand harnachement. Queue pilier, ventre évidé (ce qui détourne d'une grande antiquité).

Le bonnet de l'homme s'orne en arrière d'une volute qio pourait être caractéristique ; et d'une mentonnière : ce pourrait être Ming ou T'ang. L'usure de cet abominable grès ne permet pas d'en décider.

Simple rapport à établir, en somme simple jalon, entre l'adjectif [kou] (ancien), trouvé pour la première fois dans un texte en place d'un nom de dynastie ; et ce qu'on trouve en pleins champs, sans stèle ni tertre au milieu de l'avoine verte.

Victor Segalen -Feuilles de route, dans Œuvres complètes, éd. par Henry Bouiller, Paris, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 1995, t. I, p.1047-1048

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Inspiration, Livre Inspiration, Livre

La distance en photographie - par Todd Hido

Je prends enfin le temps d'ouvrir le livre de Todd Hido : On Landscapes, Interiors, and the Nude - ce livre est plein d'enseignements et je découvre Todd Hido comme professeur de photographies. Je dois vous dire, je ne connaissais que peu le travail de Todd Hido au delà de son premier livre House Hunting. Todd Hido est aussi professeur au California College of the Arts et ses enseignements sont remarquables.

En introduction, Todd Hido détaille le procédé qui amenait au choix de la couverture de son premier livre. Ce texte est passionnant car il est accompagné de la planche-contact et du choix de la photo en question. Todd Hido y parle de position et de distance en photographie, qui sont bien sûrs chargées de sens.

Emmet Gowin me dit un jour : "la photographie est à propos de la position". J'utilise beaucoup cette perspective diagonale. Il y a un point de fuite ou un coin. En fait, je crois que dans mon livre il n'y a qu'une seule photo qui soit prise en face comme le ferait Walker Evans. Quand on photographie un espace, c'est utile d'avoir une perspective pour faire entrer le spectateur dans la photo. La ligne diagonale crée de la profondeur, et la profondeur fonctionne souvent pour décrire un environnement. En quelque sorte, les lignes diagonales étendent votre photographie vers l'infini.

Todd Hido dans On Landscapes, Interiors, and the Nude

Photo Todd Hiddo - Couverture de

House Hunting

La planche contact de Todd Hido - dans

On Landscapes, Interiors, and the Nude

Photo Todd Hiddo -

House Hunting

Certains décrivent mon travail comme celui d'un "voyeur". L'endroit où je me place avec mon appareil donne cette impression de voyeur. Je suis suffisamment en retrait pour que nous (le spectateur et moi) soyons à une distance respectable de la maison. Peut-être que nous ne sommes pas trop près parce que nous ne sommes pas supposés être là.

J'ai toujours utilisé cette distance étrange qui dit : "Je ne suis pas d'ici." Les spectateurs ressentent cette distance et deviennent plus conscients de ma présence comme photographe/voyeur. Je les place dans la même position - une position qui encourage un certain type de regard.

En deux paragraphes, Todd Hido montre et démontre l'importance de la position en photographie. Au moment de la prise de vue, la photographie est avant tout un exercice physique, le moindre déplacement transforme une composition. Cette planche contact est limpide, tous les plans sont acceptables, mais pour Todd Hido une seule est parfaite avec les diagonales qui donnent de la profondeur et un point de vue particulier.

Todd Hido explique également l'importance du spectateur dans l'édition de photos. On choisit des photos en les analysant pleinement, en pensant au moindre détail, jusqu'à ce que signifie la distance et comment elle influence le sentiment du spectateur. Une grande rigueur dans l'édition est nécessaire, cela demande un travail conséquent. Todd Hido est réputé pour être un bourreau de travail, pour atteindre un niveau remarquable pour chacune de ses photos.

House Hunting ne contient que 26 photos en 56 pages... Mais comme il le dit si bien : "All Killers, No Fillers" (trad. : Que des tueurs, pas de remplissage).

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Histoire, Inde, India Histoire, Inde, India

Une histoire du temps qui passe

L’arrivée au Rajasthan est intense, à Delhi la vie est dense, compacte, il se passe toujours quelque chose devant mes yeux. En transit pour une journée avant de partir traverser le Rajasthan, j’ai à peine le temps d’être étouffé par cette ville bruyante, fumante de pollution avec ces milliers de regards que je croise. Dans nos vies bien réglées par un agenda je me laisse porter par le temps qui s’accélère en voyage. On ne peut jamais se calmer quand on voyage, c’est l’agenda qui dicte le temps. Récupérer son bagage, trouver un taxi, check-in, dormir, check-out, attraper un avion. Le temps est accéléré quand on ne l’observe pas.

Je débute ma traversée du Rajasthan par Jaipur, une autre mégacité qui n’est ici qu’une capitale de Province. A force de voir cette densité de poussière et les milliers de personnes dans les rues on se prend à croire que toute l’Inde est surpeuplée, qu’elle ne se calme jamais. Et puis, quand on pénètre dans le Jantar Mantar, commence un nouveau rapport au temps. Il ne me quittera plus de tout le voyage.

Photo Genaro Bardy - Udaipur, Rajasthan, 2015

Photo Genaro Bardy - Jaipur, Rajasthan, 2015

Photo Genaro Bardy - Varanasi 2015

Le temps mesuré

Le Jantar Mantar est un observatoire astronomique établi à Jaipur, construit à l’intention du gourou de Jai Sing II dans le but d’établir les thèmes astraux et de déterminer les moments les plus propices pour les grands événements, mariages ou déplacements. C’est également le plus grand cadran solaire au monde. Je suis personnellement au Rajasthan pour réaliser des photographies, pour ramener chez moi l’âme de ce qu’ai pu voir. Derrière mon boitier, j’ai déjà un rapport au temps différent du visiteur habituel de ces lieux, car le temps photographique est plus long. La composition photographique prend du temps, c’est un travail de recherche et d’observation en temps réel qui vous absorbe, on ne voit pas le temps défiler. Mais ce temps est prévu, j’anticipe toujours ce temps nécessaire à la prise de vues. Ici c’est le sujet qui m’absorbe et fait ralentir le temps.

L’architecture est gigantesque, treize cadrans solaires, un pour chaque signe astrologique et un monumental qui dicte l’heure au dixième de seconde près. Le soleil de plomb est bien présent et je peux suivre sur ces crans minuscules au sol les secondes défiler. Je n’ai jamais eu le temps aussi bien matérialisé devant mes yeux, dans cet édifice imposant et majestueux. La rêverie dure de longues minutes, la chaleur est étouffante et me rappelle le travail nécessaire pour la construction de cet édifice certainement sous ce même soleil. Mes photographies d’architecture me font explorer les courbes, les lignes de chaque cadran solaire, l’histoire de cet édifice devient le poids du temps.

Passé, présent, futur. En physique, les scientifiques expliquent que c’est la même chose. Mais pour vous, pour moi, pour nous, le temps avance dans une seule direction: depuis nos attentes, à travers l’expérience et dans notre mémoire. Cette linéarité est appelé la flèche du temps, et certains scientifiques croient qu’elle ne progresse de cette manière uniquement parce que nous sommes là pour l’observer passer. Avec mes photos je suis un observateur du temps, les photographies sont un hommage aux puissants rois du passé, aux travailleurs qui ont construit ces cadrans solaires qui matérialisent le temps présent. Un hommage enfin aux décisions prises à partir d’eux. Qui n’a jamais été sous la contrainte d’une limite de temps ?

Photo Genaro Bardy - Observatoire Jantar Mantar - Jaipur, Rajasthan, 2015

Photo Genaro Bardy - Observatoire Jantar Mantar - Jaipur, Rajasthan, 2015

Le temps séparé

Le temps est un rythme personnel. Ma prochaine étape de ce voyage intérieur me montrera qu’il est différent pour chacun, que d’autres peuples vivent dans d’autres temporalités. J’arrive à Pushkar, ville moyenne du centre du Rajasthan, prise entre les montagnes avec le désert de Thar à l’ouest et la région tumultueuse de la capitale Jaipur à l’Est. Au coeur de la ville se trouve un lac entouré de temples qui est le principal lieu sacré de l’hindouisme après Varanasi (Bénarès). Au moment de Diwali, principale fête religieuse Hindoue, des milliers de familles effectuent le pèlerinage vers le lac de Pushkar. Pendant plusieurs semaines c’est un flot continu qui se presse pour se baigner dans le lac de Pushkar, le pèlerinage est un passage obligé pour toute famille hindoue respectable, tout le monde voyage en groupe et passe du temps dans cette ville qui décuple de taille, les tentes s’empilent dans les champs de sable autour de la villes. Avec cet afflux de monde tous les ans, Pushkar est aussi devenu le plus grand marché aux chameaux et aux chevaux d’Inde, qui sont utilisés jusque dans les villes pour le transport et l’agriculture.

Le marché de Pushkar est un véritable voyage dans le temps, la scène est biblique. Sur deux collines au bord de la ville se succèdent les troupeaux de chameaux, de tous les âges. La troisième est consacrée aux chevaux. Je me promène dans des allées de sables qui paraissent hors du temps. Les enclos éphémères sont en bois, bordés des tentes des propriétaires. C’est un émerveillement de tous les instants mais les animaux sont considérés comme des marchandises, déplacés ou montrés sans ménagements. Les hommes qui vivent ici sont avec les animaux en permanence, jour et nuit. Les collines sont animées, prises dans la poussières, l’odeur des animaux est prenante à chaque instant.

Photo Genaro Bardy - Foire de Pushkar - Rajasthan, 2015

Je passe deux jours dans cette immense foire, sans m’en lasser, tellement la variété de spectacle qui se présente devant moi est infinie, l’excitation est immense. Au détour d’un chemin de sable je vois un attroupement rassemblé, pas un seul touriste ne l’occupe, je comprends assez vite que ce sont des acheteurs qui se pressent pour une démonstration de chevaux. Les chevaux sont des Marwelis, cette race de chevaux courts et vifs qui paraissent tout de même puissants. Je suis au coeur du cercle qui s’est formé, observé sans hostilité par la foule alentour.. Et alors que j’ai posé mon genou à terre pour attraper mon appareil dans mon sac posé à mes pieds, au ras du sol, je vois un cheval plus nerveux que les autres se présenter devant nous. Son propriétaire l’excite sur le côté et son assistant qui tient le cheval a du mal à le contenir. Le cheval se cabre à plusieurs reprises, son mouvement est lent, puissant, et me paraît durer une éternité, je déclenche au moment où il est le plus haut, alors qu’il cache parfaitement le soleil pour une photo qui restera la plus belle de ce voyage.

Photo Genaro Bardy - Foire de Pushkar - Rajasthan, 2015

Ce matin je suis arrivé sur la foire de Pushkar avant le lever du soleil et j’ai profité d’un Chai, ce thé Indien très fort auquel ils ajoutent du lait, sur ce petit restaurant fait de bois et de tôle. Je regarde les allées et venues de cette foule de marchands qui se presse à l’aube d’une journée que chacun espère prospère. Je suis soudain harangué par un petit groupe qui entretient un feu à même le sol, et qui à forces de gestes et de sourires, m’invite à partager leur thé.. Avec cette curiosité réciproque qu’engendre la différence de nos vêtements, nous discutons de cette vie qu’ils mènent, si loin de la mienne. Nidhish m’explique qu’ils sont semi-nomades, qu’ils passent six mois de l’année sur la route à vivre sur les foires successives où ils font commerce de leurs chameaux. Une année coupée en deux, à nouveau je suis transporté par ce rapport au temps si différent de ces hommes qui vivent au rythme du soleil la moitié de l’année.

Photo Genaro Bardy - Foire de Pushkar - Rajasthan, 2015

Le temps spirituel

Continuant à mon tour mon propre nomadisme, je passe près d’un mois sur la route, entre le lac d’Udaipur, la ville bleue de Jodhpur, la ville dorée de Jaisalmer et le désert de Thar, mais rien ne pouvait me préparer au festival de Chandrabhaga. Jhalawar est une petite ville du sud-est du Rajasthan que l’on ne rejoint pas facilement, les routes y sont accidentées. Comme toutes les villes que j’ai croisées elle paraît surpeuplée, mais les bâtiments n’ont pas plus d’un étage et on sent la nature bien plus présente aux abords de la ville.

Une fois par an au coeur du mois de novembre, à la première pleine lune après Diwali, des dizaines de milliers de familles se rassemblent à Jhalawar pour le festival religieux qui mène à la rivière sacrée de Chandrabhaga. Le jour dit est appelé “kartik purnima”, tout ce que la ville compte de Folklore se rassemble dans une procession immense. La fanfare devance les danseurs traditionnels, des jeunes femmes en saris multicolores, les chevaux de la ville décorés de leurs plus belles parures. Je cours le long de cette procession pour tenter de prendre des photos mais suis pris dans le tourbillon de la foule.

Photo Genaro Bardy - Festival de Chandrabhaga - Jhalawar, Rajasthan, 2015

De part et d’autres dans les petites rues de Jhalawar des centaines de milliers de personnes se sont amassées pour les voir passer, applaudir et chanter. Les danseurs locaux m'entraînent dans leur pas, je passe mes caméras en bandoulière et les suis pendant une demi-heure de danse. Les sourires sont partout et la joie transperce la ville dans une ferveur indescriptible. Cette fête est une ivresse, elle se terminera de la plus belle des manières.

Photo Genaro Bardy - Festival de Chandrabhaga - Jhalawar, Rajasthan, 2015

En allant vers l’avant du défilé j’ai la chance d’arriver parmi les premiers à la rivière de Chandrabhaga. Au milieu d’un temple qui semble en ruine coule la rivière avec quelques pontons de fortunes. Les gens s'amassent et se pressent mais tout le monde semble calme. Le pèlerinage amènera chacun d’eux à se baigner dans la rivière pour accomplir le rituel dans les jours qui suivent, mais le jour de “Kartik Purnima" personne ne se baigne. Les femmes ont préparé des petits radeaux de bougies qui sont lancés un à un dans la rivière au moment où la nuit tombe, sous un ciel seulement éclairé par la pleine lune. La foule entière est en prière dans une communion saisissante, mes photographies deviennent une méditation.

Photo Genaro Bardy - Festival de Chandrabhaga - Jhalawar, Rajasthan, 2015

Photo Genaro Bardy - Festival de Chandrabhaga - Jhalawar, Rajasthan, 2015

Le temps qui reste

Le temps s’est-il arrêté ? J’ai le sentiment d’avoir passé une année au Rajasthan, d’avoir vécu tant de bouleversements. Ma mémoire fourmille de ces centaines de moments, mais grâce à la photographie je garde quelques instants. Par une seule image je cherche à la fois à contenir le mouvement du lieu et l’histoire de mon sujet. La prise de vue est un instant magique, une bonne photo requiert une concentration totale vers son sujet, une projection de soi-même dans une scène et en même temps un instant unique, furtif. Le rapport au temps du photographe est une quête éternelle, ou l’on essaye d’arrêter le temps et de le donner à voir aux autres. Croyez-moi, au Rajasthan on ne voit plus le temps qui passe, on fait partie du temps qui reste.

Photo Genaro Bardy - Pushkar, Rajasthan, 2015

Photo Genaro Bardy - Jaisalmer, Rajasthan, 2015

Photo Genaro Bardy - Jaipur, Rajasthan, 2015

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Comment Zora Murff travaille sur un livre photo

Je souhaite partager plus de travaux de photographes contemporains, qui travaillent encore, plutôt que des grands-maîtres déjà passés à la postérité. Je vous propose donc de découvrir aujourd'hui le travail de Zora Murff en nous intéressant à la manière qu'il a de mener un projet photographique. Ce que j'appelle ici la réalisation d'un projet prend le plus souvent la forme d'un livre. Le livre photo est pour moi le meilleur véhicule pour la photographie, quelque soit le genre photographique ou les sujets traités. Si vous voulez constituer un livre intéressant ou cohérent, cela demandera une telle somme de travail qu'il prendra d'abord la forme d'un projet photographique pour son auteur.

L'une des meilleures ressources que j'ai pu trouver sur la réalisation de projets photographiques est le livre Photowork de la fondation Aperture, et je vous propose d'en extraire ici quelques enseignements du travail de Zora Murff qui y est présenté. Photowork contient en tout des interviews de 40 photographes et si vous voulez progresser dans votre démarche photographique, et lisez l'Anglais, je ne saurais trop vous le recommander.

L'idée du projet vient en premier

Pour moi l'idée vient en premier, avant de commencer à prendre des photos. Je ne suis pas très prolifique et je lis beaucoup, je recherche et réfléchis avant de m'embarquer dans un nouveau projet. Les idées sont éparpillées entre mes blocs, des bouts de papier, et mon téléphone. Quand je me sens prêt à recommencer à produire des images, je consulte ces idées et soit je les recrée, soit je garde mes yeux ouverts quand je photographie.

Zora Murff

Je trouve intéressant d'observer comment travaillent d'autres photographes, spécialement quand la pratique est radicalement différente. Personnellement les idées viennent en produisant des photos, par la déambulation, la sérendipité des rencontres ou une impression sur l'esprit du lieu. La lecture, les recherches et l'expérimentation viennent après avoir trouvé une idée.

Zora Murff procède lui d'abord par des lectures et des recherches et je trouve important de rappeler à quel point cette partie est importante dans le travail photographique. Quand je dois travailler ou écrire sur une nouvelle destination, je lis autant que je peux sur le lieu : des articles d'actualités, de la fiction par des auteurs étrangers ou des documentaires produits localement. Toute cette recherche vient nourrir une réflexion, et même si je trouve mes idées en photographiant, je dois me rappeler à quel point la photographie est influencée par mes connaissances et recherches sur un sujet.

Photo Zora Murff

Photo Zora Murff

Un projet photo est une introspection

Quand j'étudiais la psychologie, le premier jour d'un cours sur la méthode de consultation, le professeur nous a dit : "Avant de pouvoir aider qui que ce soit avec ses problèmes, il faut d'abord régler les vôtres". Mon approche dans la réalisation d'un projet est d'abord introspective, puis je me tourne vers l'extérieur. Mes projets commencent avec une série de questions, j'utilise la photographie comme un moyen de travailler sur ces réponses. Quand je sens que j'ai commencé à gérer mon enjeu personnel dans ce travail, je commence à faire ces connections externes.
Récemment, j'ai beaucoup pensé à certaines contradictions dans mon travail. J'écoutais un podcast qui expliquait comment le racisme scientifique est inclut dans les politiques migratoires. La rhétorique libérale est souvent utilisée pour déprécier la xénophobie. Mais pour travailler à la réconciliation, il faut bien se regarder dans le miroir pour devenir responsable de notre passé. Des mouvements comme Black Lives Matter ou Me Too ne sont pas nés d'un aveuglement à l'auto-critique. Ce qui arrive autour de vous a une grande influence sur ce que vous désirez produire.

Zora Murff

Un livre photo en dit tout autant sur le sujet que sur son auteur. Je crois que la photographie est essentiellement une démarche introspective. La photographie est un langage rapide, presque instantané, mais les émotions auxquelles il fait appel sont tout aussi intenses. Je crois également que les sujets que l'on choisit de montrer sont importants, la photographie a une conséquence et porte un message social. Si je décide de photographier des phares avec un trépied, je suis malgré moi porteur d'un message sur le tourisme moderne. Le travail de Zora Murff me force à voir qu'il n'y a pas de photographie anodine. Le message d'un projet projet photo est tout aussi important que son contenu.

Photo Zora Murff

Photo Zora Murff

Le projet est-il plus important que les photos individuelles ?

Oui et non. Un projet photo est un véhicule intéressant, et je pressens que la photographie est sur le point de s'y résoudre. Je pense aussi que la croissance rapide de publication de livres photo - à la fois comme véhicule pour un projet et comme accomplissement personnel- engendre le sentiment que ce serait une règle en photographie. Mais je suis intéressé par ce que pourrait être la prochaine manière de présenter son travail.
À propos de la production de photos individuelles, je suppose que ça dépend de comment la personne travaille. Pour moi, J'évalue les images individuellement pour tout le temps repousser les limites du travail que je produis, que je sois dans la réalisation d'un projet ou dans la production d'une photo juste parce que.

Zora Murff

Certaines photos du dernier livre de Zora Murff, 'At No Point in Between' (2019, malheureusement épuisé), peuvent paraître moins fortes. Un plan aérien en noir et blanc d'une zone pavillonnaire en bordure d'autoroute, des photographies de coupures de journaux, et beaucoup d'autres clichés à priori étonnants. Ces photos prennent tout leur sens uniquement dans le cadre du projet en question, de l'histoire qui est racontée. Je pense notamment au fabuleux domino visuel entre ces policiers américains qui prêtent serment et un immeuble abandonné avec la signalisation qui y répond.

Cependant la recherche de photos exceptionnelles est pour moi le quotidien d'un photographe, que ce soit dans l'analyse des photos, l'édition ou la constitution d'un projet photo. Chercher en permanence à améliorer des photos individuelles est ce que je trouve de plus intéressant. Mais parfois, on ne peut pas utiliser des photos exceptionnelles sans également raconter avec du contexte ou des détails qui mettent en valeur l'histoire.

Photo Zora Murff

Photo Zora Murff

Photo Zora Murff

Trouver sa voix

Si je souhaite que ma voix soit différente ? Tout le temps. Il y a tellement de travaux forts et qui ont du sens, beaucoup d'artistes que j'admire. Mais ma voix sera toujours ma voix. Je crois que c'est une autre manière de grandir comme artiste - ne pas copier le travail des autres - mais de trouver l'inspiration et de l'utiliser comme un outil pour se mettre un défi de produire quelque chose de nouveau et d'étonnant.

Zora Murff

Trouver sa voix unique en photographie est une recherche qui relève effectivement de l'inspiration d'autres photographes et de l'intérêt que l'on trouve à certaines photographies ou à des styles particulier. Il m'apparaît pourtant presque impossible de définir pour soi un style avant de commencer à photographier. Il me semble que le style est un commentaire a posteriori.

De la même manière, je n'imagine pas qu'il soit possible de vraiment copier le travail d'autres photographes, en tout cas dans le genre qui m'occupe le plus,

en photographie de rue. On peut analyser et éventuellement imiter une manière de produire des photos, et c'est même je crois recommandé pour trouver ce que l'on aime produire comme photos et où sa photographie se situe par rapport aux anciens, mais la copie est à proscrire.

Photo Zora Murff

Photo Zora Murff

Comment savoir qu'un projet est fini

Mes deux derniers livres Corrections (publié en 2015) et At no Point in Between (2019) ont été fabriqué en presque trois ans, y compris le temps consacré à la recherche. Cependant, chacun de ces livres étaient rattachés à mes études, donc il n'y avait pas vraiment de date limite.

Zora Murff

Voilà une question qui n'apporte pas de réponse simple : au bout de combien de temps ou de photos est-ce qu'un projet atteint son terme ? J'ai le sentiment qu'un projet ne se termine jamais vraiment, en tout cas pour moi je ressens que je suis plutôt celui qui s'est épuisé intellectuellement. Je crois que certains projets que je n'ai pas poursuivi ont pris fin d'eux mêmes, d'abord parce que je ne croyais plus avoir quelque chose à dire.

Les deux projets principaux sur lesquels je travaille actuellement sont en cours depuis déjà deux ans. J'espère pouvoir en sortir un d'ici la fin de l'année, mais je sais déjà que le second a probablement besoin d'une bonne année supplémentaire.

Pour continuer à suivre le travail de Zora Murff, suivez-le sur Instagram ou explorez son site.

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5 leçons de photographie avec Mary Ellen Mark

Lorsque la photographe Mary Ellen Mark est décédée en 2015, elle a laissé derrière elle une quantité gigantesque de photos de sa longue carrière de photojournaliste. Mary Ellen Mark a consacré une grande partie de sa vie à documenter les gens à la marge, dont les histoires ne seraient probablement pas racontées autrement. En travaillant sur de longues périodes avec ses sujets, elle a proposé des photos pleines d'empathie et d'humilité. Certains de ses projets les plus connus comprennent Streetwise, 1983, une série sur les enfants de la rue à Seattle ; Ward, 1981, à l'intérieur d'un hôpital de Salem; et Falkland Road, 1978, dans lequel Mary Ellen Mark photographie des travailleuses du sexe à Bombay.

Un nouveau livre publié par Steidl, édité par son mari, Martin Bell, est un regard complet sur l’œuvre de la photographe. Le livre The Book of Everything contient 600 photos- choisies sur un total de plus de deux millions, et propose également des photographies inédites - de l’extraordinaire carrière de Mary Ellen Mark, avec les histoires qu’elle a choisi d’explorer et de documenter.

Ne m'étant pas encore procuré le livre, je vous propose de découvrir la carrière de Mary Ellen Mark avec certaines de ses photos les plus connues, et quelques enseignements issus des interviews que j'ai pu glané.

Le photographe voleur d'âmes

Je pense simplement qu'il est important d'être direct et honnête avec les gens sur les raisons pour lesquelles vous les photographiez et ce que vous faites. Après tout, vous prenez une partie de leur âme.

Mary Ellen Mark

Prendre une photo serait prendre une partie de l'âme de ses sujets, de ses personnages, et la montrer. Je peux oublier parfois que même si j'ai le droit de prendre une photo, je ne devrais pas prendre cet acte à la légère. Avec une photo on porte une responsabilité avec ce que l'on montre et dans la manière de l'exposer à d'autres yeux que les siens. Peut-être par habitude et sûrement par manque d'humilité, trop souvent je m'abrite derrière mon bon droit à prendre une photo.

Un photographe est trop souvent un prédateur qui chasse l'image en oubliant son sujet et la symbolique que transmet sa représentation. Je prends cette phrase de Mary Ellen Mark comme un rappel de ce que peut contenir une photo, et un appel à passer plus de temps à expliquer ma démarche aux personnes que je photographie, ou tout simplement avec eux.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

De l'importance de travailler des photos seules

Dorothea Lange, Margaret Bourke-White et Eugene Smith font partie des photographes qui m'ont inspiré. Ils et elles ont pris des images puissantes, fortes. Certaines de leurs images sont devenues des icônes. Voilà le genre de photographies que j'aspire à faire. Ce sont des images très difficiles à prendre, car vous n'en avez qu'une certaine quantité en vous que vous pouvez faire dans une vie. Pour moi, c'est ça la grande photographie.

Mary Ellen Mark

J'essaie toujours de penser à des photos uniques. Ce qui est important pour moi, c’est de faire des photos individuelles fortes. Quand je regarde un photographe documentaire ou un photojournaliste dont j'aime beaucoup le travail - quelqu'un comme Eugene Smith - c'est parce que les images sont des photos uniques. Je pense à ses superbes sujets illustrés comme des histoires où chaque image isolée était vraiment forte. Dans "Country Doctor", par exemple, vous vous souvenez de chaque image. Ils ne liaient pas seulement des images entre elles - chacune était forte, et chacune pouvait être autonome. Je pense que chaque photo doit pouvoir être présentée seule ; il n’a pas besoin des autres images pour soutenir son propos ou pour raconter une histoire.

Mary Ellen Mark

La recherche de photos exceptionnellement fortes est permanente, c'est finalement la seule activité qui m'intéresse vraiment en photographie. Mais pour pouvoir raconter une histoire, je peux parfois me laisser entraîner vers des photos qui sont moins importantes, et utiliser des photos qui ne méritent pas d'être publiées.

Je sais que je ne devrais publier que mon meilleur travail. Cela aiderait le niveau général de mes productions. C'est en étant exigeant que l'on peut espérer atteindre ce niveau et prendre des photos iconiques. Mary Ellen Mark en a eu tellement tout au long de sa longue carrière, c'est une inspiration merveilleuse pour repousser ses propres limites.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

Universalité des photographies

Ce que j’essaye de faire, ce sont des photographies qui soient universellement comprises… qui transcendent les frontières culturelles. Je veux que mes photographies parlent des émotions et des sentiments de base que nous ressentons tous.

Mary Ellen Mark

Cette réflexion me paraît essentielle. L'utilisation de la symbolique en photographie est cruciale pour transmettre une émotion. La plupart des symboles auront une résonnance différente selon les spectateurs d'une photo, selon leur culture, leur origine, selon tout ce qui constitue leur subjectivité.

Cependant, il est possible de faire appel à une symbolique universelle, de transmettre des émotions qui seront reconnues par tous et probablement pour toujours.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

Avoir un point de vue

Je ne pense pas que l'on puisse être un observateur objectif. En créant un cadre, vous sélectionnez, puis vous modifiez les images que vous souhaitez montrer et vous êtes à nouveau sélectif. Vous développez un point de vue que vous souhaitez exprimer. Vous essayez d'entrer dans une situation avec un esprit ouvert, mais ensuite vous vous forgez une opinion et vous l'exprimez dans vos photographies. Il est très important pour un photographe d'avoir un point de vue qui contribue à une belle photographie.

Mary Ellen Mark

En photographie de rue, vous n'êtes pas un spectateur passif et objectif. Vous êtes un participant actif, vous faites partie de ce que vous photographiez. Il est impossible de rester neutre, ne serait-ce que par l'édition de photos et ce que vous décider de montrer.

Mais cadrer une photographie c'est déjà éditer, car vous choisissez ce qui sera dans le cadre par rapport à des millions d'options. Si vous ne pouvez être neutre, choisissez un point de vue et mettez de vous même dans vos photos. Je crois que l'on photographie toujours qui on est.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

Être soi-même

Tout le monde me demande comment je fais pour que mes sujets s'ouvrent à moi. Il n’y a pas de formule magique. C'est juste une question de qui vous êtes et comment vous parlez aux gens - d'être vous-même. Vos sujets ne vous feront confiance que si vous êtes sûr de ce que vous faites. Ils peuvent le sentir immédiatement. Je suis vraiment dérangé par les photographes qui abordent d’abord un sujet sans appareil photo, essaient d’établir une relation personnelle, puis sortent leur appareil photo. C’est trompeur. Je pense que vous devriez simplement vous présenter avec un appareil, pour clarifier vos intentions. Les gens vous accepteront ou non.

Mary Ellen Mark

Il n'y a pas de secret, pour réussir des portraits ou des reportages qui dépassent l'ordinaire, il faudra passer le temps nécessaire avec les personnes concernées. Les photos de Mary Ellen Mark nous montrent qu'il est important d'expliquer sa démarche, d'être sincère et transparent.

En d'autres termes, il convient d'être soi-même. La photographie, c'est ce à quoi j'ai accès, au premier comme au second degré.

Photo Mary Ellen Mark

Photo Mary Ellen Mark

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Comment s'approcher en Photographie de Rue

S'approcher des inconnus que l'on rencontre en photographie de rue est l'une des choses les plus difficiles à accomplir dans tout type de photographie, pour une raison simple: la peur.

Quand nous débutons en photographie de rue, nous ne savons pas comment les gens vont réagir, nous ne voulons pas gêner ou être vus comme des intrus. Et surtout, cela peut sembler bizarre d'admettre que oui, nous sommes en train de prendre cette photo. Même si nous en avons le droit, même si c'est dans un lieu public, nous ne voulons pas ressembler à ce que certains prennent pour un voleur.

Alors pourquoi recommander de s'approcher de plus en plus de vos sujets en photographie de rue ? Pour une autre raison simple : l'empathie. Vous rapprocher de vos sujets vous permettra de montrer plus d'empathie dans votre photographie. On perçoit mieux ce que ressent le sujet dans ce type d'images. On se sent plus proche (duh!), plus intime, on peut tellement mieux comprendre la personne ou à la scène que l'on regarde. C'est vrai en portrait, c'est vrai pour toute photographie éditoriale, et c'est vrai en photographie de rue, où le sujet principal n'est pas la rue mais ceux qui la fréquentent.

Le photographe légendaire de l'agence Magnum Robert Capa a eu cette phrase restée à la postérité :

Si vos photographies ne sont pas assez bonnes, vous n'êtes pas assez près.

Robert Capa

Alors, comment vous rapprochez-vous des personnes que vous croisez en photographie de rue ? Vaincre cette peur est aussi l'un des thèmes principaux des ateliers de photographie de rue que je mène à Paris, Londres ou New York, et je voulais vous donner aujourd'hui 3 conseils que vous pouvez appliquer rapidement dans votre photographie.

Les photos sur lesquelles je m'appuie et que vous pouvez voir ici ont été prises la semaine dernière dans le quartier de Bonfim à Salvador de Bahia où je vis, mais vous pouvez appliquer ces principes n'importe où. Je vous montre dans la vidéo beaucoup de photos que je ne garderai pas, pour que vous puissiez voir à quel point il est possible de s'approcher.

3 conseils pour s'approcher en photographie de rue

Faites partie de la scène

Parlez aux gens, obtenez des informations sur ce qui se passe devant vous. Les autres vous verront en train de photographier mais si vous faites connaître votre présence, vous faites maintenant partie de la scène, vous devenez un personnage de l'histoire. Vous êtes le photographe.

Je ne suis pas quelqu'un qui reste silencieux ou neutre quand je photographie, je vais parler aux gens autant que je peux. Pour clarifier les choses, je ne parle pas tout le temps à tout le monde et la plupart du temps je prends ma photo et passe mon chemin. Mais si je veux me rapprocher, j'irai souvent parler aux gens et je demanderai simplement ce qui se passe.

Plus vous en saurez sur un sujet, meilleures seront vos photos. Si vous voyagez et que vous photographiez dans une nouvelle ville, demandez simplement aux personnes qui y vivent de vous raconter leur histoire ou celle du lieu, et continuez à photographier tout en parlant. Vous serez surpris par le genre d'images que vous obtiendrez ainsi.

Pour mieux capturer cette scène avec ce cheval abandonné, je suis simplement allé parler aux gens.

Ne ressemblez pas à un photographe

Si vous vous approchez très près des gens pour prendre des photos, cela vous aidera tellement de NE PAS ressembler à un photographe. Si vous ressemblez à ce que les gens pensent être un photographe professionnel, ils vous demanderont pourquoi vous photographiez et ils risquent de gâcher une scène simplement en étant conscient de votre présence.

C'est la raison pour laquelle les appareils compacts sont si populaires en photographie de rue. Si vous êtes discret et que vous ressemblez à n'importe qui, vous n'aurez généralement aucun problème à prendre des photos très près.

En ce qui me concerne, je suis un gringo à Slavador et mon portugais n'est pas parfaitement courant. Avec un appareil photo compact, je ressemble à un touriste et la plupart des gens ne font pas attention au fait que je prenne des photos.

Utilisez donc des appareils compacts, et éventuellement un sac photo très léger, évitez les gros reflex et les zooms. Quant à moi, j'essaye de ne prendre aucun sac. J'ai juste un Ricoh GRII et maintenant une Gopro sur la poitrine pour pouvoir vous montrer ma production.

Une bonne tête de touriste masqué

Commencez par demander la permission

Si vous avez trop peur de vous lancer et de vous rapprocher des gens, mon conseil serait de commencer par demander la permission. Si vous débutez en photographie de rue, commencez simplement par faire des portraits. Lorsque vous voyez quelqu'un d'intéressant, allez le voir, montrez votre appareil photo et demandez en souriant si vous pouvez faire un portrait.

Déjà, vous serez surpris du nombre de personnes qui seront simplement d'accord et vous demanderont probablement d'envoyer la photo. Ensuite, cela vous habituera à parler et à interagir avec des inconnus.

Lorsque vous avez fait cela plusieurs fois et que vous êtes plus à l'aise avec le processus, arrêtez de demander la permission avant de photographier. Commencez à prendre des photos pendant que vous approchez quelqu'un, si vous êtes repéré en train de prendre des photos, alors vous demandez la permission de photographier et de faire un portrait. Et juste comme ça, vous serez passé de l'autre côté du miroir, où vous serez très proches de vos sujets.

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Combien de bonnes photos sur une journée de photographie de rue ?

https://www.facebook.com/genaro.bardy.photographer/videos/353961449121316/

Photographie de rue à la première personne - Salvador de Bahia, Pelourinho

Combien de bonnes photos obtenez-vous en une journée de photographie de rue ? Cela va dépendre de la manière dont vous allez définir ce qu'est une bonne photo.

En ce qui me concerne, si je reviens d'une sortie en photographie de rue avec une seule bonne photo pour un projet, je m'estime heureux. Également, sur un voyage photo je suis heureux si j'ai une bonne photo par jour. Bien sûr, je ne parle pas de photos "convenables', dont je pourrais me servir pour un client.

Si je photographie pour un client, je produirai et enverrai beaucoup plus de photos acceptables, qui fonctionnent. Je serais un photographe très cher si je n'étais capable de livrer qu'une seule photo par jour à un client. Alors, comment j'arrive à ce ratio d'une bonne photo pour une journée de prise de vues ?

Je vois 3 différents niveaux de qualité en photographie :

  • Les photos qu'un magazine pourrait acheter. Ce sont des images professionnelles qui racontent parfaitement l'histoire d'un client. Ces images sont parfaites à bien des égards, elles servent simplement l'histoire d'un autre, que ce soit un client ou d'un média. C'est l'étalon basique pour analyser ses photos : demandez-vous "est-ce que je pourrais voir cette photo dans un magazine ?". Si la réponse est non, c'est que vous avez encore du travail.

  • Des images qui pourraient être dans un livre ou une exposition. Ce sont vos meilleurs travaux, les 10-15 images parfaitement conçues et qui fonctionnent entre elles. Ce sont les photos qui tiennent au mur et qui ensemble racontent une histoire ou un projet. Ce genre de photos, je suis content si j'en ai une par jour.

  • Le troisième et dernier niveau, ce sont les photos qui ont leur place dans un musée. Je ne pense pas que vous puissiez décider d'en produire. Ce sont des images avec une vie qui leur est propre, ce sont les autres qui vous demandent de les voir. La plupart d'entre nous n'en produirons probablement jamais, en tout cas ça ne me préoccupe pas plus que ça puisque je ne décide rien ici.

Alors quand je travaille sur livre photo, ce qui est le cas dans le petit film que vous pouvez voir plus haut, je vise le 2ème niveau. Les photos sur lesquelles je peux revenir avec plaisir, celles que je peux accrocher sur un mur. Si je ne suis pas à ce niveau là, je ne considère pas les photos pour mon livre.

Cette vidéo est tournée au Pelourinho, la vieille ville de Salvador de Bahia, où j'habite. J'y suis allé pour prendre des photos d'innombrables fois, c'est mon endroit par défaut où je traîne pour prendre des photos de rue. Et j'ai la chance d'avoir obtenu ce jour-là une photo parfaite pour mon projet, pour le livre sur lequel je travaille.

Photo Genaro Bardy

My Soul so Cool from the Bath of Light - Salvador de Bahia, Pelourinho - Sept 2020

Pour aller plus loin :

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5 leçons de photographie avec Daido Moriyama

J'ai découvert Daido Moriyama quand je me suis intéressé à Tokyo, alors que je devais m'y rendre pour écrire une histoire et réaliser Desert in Tokyo. Daido Moriyama est certainement une des raisons de mon retour à la photographie de rue comme pratique dominante.

Daido Moriyama dit pratiquer la photographie "instantanée", qui est ce que j'ai trouvé de mieux pour traduire "Snapshot Photography". Icône vivante de la photographie de rue Tokyoïte, on ne compte plus les livres et expositions qui présentent le travail de Daido Moriyama. Cet artiste est une institution au Japon, littéralement à travers la fondation à son nom, tout en pratiquant la photographie qui peut paraître la plus simple à réaliser.

Ses photos semblent prises rapidement, sans chercher la complexité. C'est simple et pourtant percutant, chaque image est pensée et provoque une émotion décidée par son auteur. La photographie de Daido Moriyama montre une physicalité différente de tout ce que j'ai pu observer, dans la manière qu'il a de produire ses photos. Par bonheur, Daido Moriyama propose dans son livre How I Take Photographs de le suivre dans ses pérégrinations Tokyoïte dans 5 quartiers différents, où il détaille sa pratique et sa manière d'appréhender la photographie.

Toutes les citations présentées ici sont extraites de ce livre et traduites de l'anglais par mes soins. Je ne saurai trop vous recommander de vous le procurer si vous voulez commencer à explorer l'œuvre de Daido Moriyama.

À la lecture de How I Take Photographs, plusieurs fois je me suis dit que je n'oserais pas proposer ces photos dans un livre, qu'elles pourraient paraître banales. Et pourtant, en série elles donnent parfois une impression de légèreté, à d'autres moments une pesanteur presque morbide. C'est un monde que je reconnais, et qui est aussi absurde et dur à apprécier. Le monde de Daido Moriyama a quelque chose de simple et rassurant : il est aussi moche que dans mes souvenirs, et aussi beau que la vérité.

Voici 5 leçons de photographie par le grand maître Daido Moriyama.

Le moment accidentel

La photographie instantanée, c'est capturer un mouvement naturel, l'expression de ce qui se trouve devant vous. C'est comme pêcher au filet. Votre désir vous pousse à le lancer. Vous lancez le filet, puis vous ramenez ce qui s'est passé - c'est un moment accidentel.

(...) Prenez des instantanés sur vos trajets quotidiens. C'est un bon moyen de comprendre votre propre pouvoir d'observation sur les choses les plus communes. Prendre des photos, encore et encore, vous entraînera à devenir de meilleurs photographes. (...) Toutes les techniques que vous apprendrez dans la rue peuvent servir en photographie commerciale.

Daido Moriyama - How I Take Photographs

Je préfère nettement la notion de moment accidentel à celle galvaudée d'instant décisif. Une photographie est un accident, car même si je crois composer, anticiper ou vouloir une photographie, je ne sais jamais vraiment ce que donnera le déclenchement. Et je ne saurai certainement pas si l'idée furtive que j'ai eue et qui me poussa au déclenchement donnera une photo qui fonctionne. En photographie de rue, et probablement dans tout autre genre, une photo est un essai bien plus souvent raté que réussi.

C'est pour cette raison qu'il me semble essentiel de pratiquer un maximum dans son quotidien. Cela sert à mieux se connaître, mais surtout cela sert à expérimenter des cadrages, des lumières, des angles ou des points de vue. En tout cas, ce fut ma manière de progresser. Je sais qu'il existe des photographes qui déclenchent peu, je suis définitivement dans les pas de Daido Moriyama sur ce point, boulimique du déclenchement.

Photo Daido Moriyama

Photo Daido Moriyama

Photo Daido Moriyama

L'endroit où vous ne seriez jamais allé

Il y a quelque chose d'unique dans le quartier de Ginza, aussi élégant et luxueux soit-il. (..) Ginza est spécial, propose quelque chose de différent par rapport à des endroits plus rugueux, comme Shibuya ou Harakuju, et spécialement Shinjuku. On ne devrait jamais écarter quoi que ce soit par principe. Particulièrement avec la photographie, vous devez absolument tout essayer. Bien sûr, clairement, tout le monde a ses préférences, et personne ne peut tout aimer. Mais si vous êtes trop pointilleux pour essayer quelque chose de nouveau, vous finirez par passer à côté de l'essentiel.

Daido Moriyama - How I Take Photographs

Je suis un adepte de l'expérimentation, sur les sujets, les lieux, les histoires. Quand je suis bloqué, je me demande où je n'aurais jamais eu l'idée d'aller prendre des photos. S'y rendre est presque toujours une bonne idée.

Une section entière du livre How I Take Photographs est consacrée à Daido Moriyama qui prend la place du passager pendant ses voyages en voiture. Personnellement, je monte toujours à la place du passager quand je le peux. Je m'y sens comme un enfant dans une montagne russe. Je vais voir des choses que je n'aurais jamais vues si je n'avais pas décidé de les photographier. Des formes, des pancartes, des scènes, le monde pressé de partir ou de rentrer.

Il y a quelque chose de nonchalant et paresseux de laisser les photos venir à soi, de ne pas marcher pour aller les chercher. Il faut accepter ce qui vient vers soi, que ce soit des montagnes, des rivières, des autoroutes ou des scènes de rue.

Photo Daido Moriyama

Photo Daido Moriyama

Photo Daido Moriyama

Attention maximale

Je vois beaucoup de jeunes, je suppose des étudiants, avec un appareil à la main qui marchent dans la rue. C'est très bien, mais si vous prenez des photos de manière aléatoire, je ne pense pas que vous arriviez à ce qu'il y a de plus important, qui est d'avoir une compréhension de ce que vous faites, de ce que vous voulez capturer.

Avec un appareil, vous arriverez à faire passer une image ou une autre pour une photo, mais ce n'est pas suffisant, pas sans un minimum de conscience.

C'est pourquoi je dis toujours à mes étudiants de choisir leur sujet et de l'observer attentivement. Donnez d'abord votre attention maximale, et ensuite prenez une photo. Et prenez beaucoup de photos. Parce que vous ne verrez pas ce que c'est à moins de prendre beaucoup de photos.

Daido Moriyama - How I Take Photographs

La photographie de rue, ça démarre comme un diesel. Ça prend un moment pour se mettre en route. Et puis, par l'observation ou la sérendipité, on essaye un cliché. Puis un autre. Puis tiens, et si j'allais là. Oh cette belle lumière. Tiens, comme il est curieux lui. En donnant toute mon attention à la prochaine photographie, je rentre dans cette zone où je vois comme la première fois, où tout devient une image possible. Ce moment de conscience est comme une méditation, seul cet instant compte et je ne veux qu'une chose : voir ce que ça donnera si je déclenche.

Photo Daido Moriyama

Photos Daido Moriyama

Photo Daido Moriyama

Photos Daido Moriyama

Chercher une meilleure photo

Qu'est-ce que j'attends ? et bien... rien de particulier. Juste que quelque chose arrive, n'importe quoi vraiment. Je n'attends pas quelqu'un ou quelque chose de spécifique pour aider ma composition. Mais si vous attendez, peut-être que quelque chose arrivera.

Et ce n'est pas à propos de la lumière non plus. Il n'y a pas de problème avec la lumière - je le sais sans avoir besoin de le vérifier.

Je me concentre uniquement sur le moment. Je pense à chaque instant profondément. Comment est-ce que je vais prendre ces prochaines photos ? Peut être qu'un passant au premier plan serait meilleur ? Peut-être que j'irai dans l'embrasure d'une porte ? Mais je ne vais pas m'obséder avec ça. Je me demande toujours comment est-ce que je vais prendre les prochains clichés. Je considère mes options, et cherche une manière de réaliser une meilleure photo.

Daido Moriyama - How I Take Photographs

Attendre est presque toujours une bonne idée. Et chercher une meilleure photo est pour ainsi dire le seul moyen de la trouver.

C'est tout ce que j'ai à dire à ce sujet.

Photo Daido Moriyama

L'appareil n'a aucune importance

J'ai toujours dit que l'appareil que vous utilisez n'a aucune importance. (...) Regardez, si vous avez un reflex ou un appareil grand format entre les mains, vous allez inévitablement penser à votre composition. Avec un appareil compact, vous avez juste à viser et photographier. De plus, un appareil si petit a une qualité d'image étonnante. Si les appareils compacts n'étaient que des jouets, et que je n'obtenais pas une image de bonne qualité, je ne m'en serais jamais servi pour tout ce que je fais, ce serait seulement de temps en temps. Enfin, de toute façon je n'ai jamais aimé trimbaler des sacs, des appareils lourds ou des trépieds. Si un appareil est petit, léger, et prends de bonnes photos, et bien que demander de plus ?

Daido Moriyama - How I Take Photographs

C'est une évidence, chaque appareil aura une une incidence sur vos mouvements, il transformera vos prises de vues. Avec un appareil compact, je vise et je déclenche, c'est aussi bête que ça. J'obtiens une liberté de mouvement incomparable.

Photographier uniquement avec un appareil compact me donne une liberté maximale pour m'approcher de mes sujets. Si je n'ai pas l'air d'un photographe, tant mieux, la vanité n'a jamais donné de meilleurs clichés.

J'ai découvert avec l'acquisition d'un Ricoh Gr que Daido Moriyama avait participé à la conception du premier modèle argentique, et qu'il utilisait encore ces modèles, anciens ou récents. Ce n'est pas une surprise, et cela me conforte dans cette décision d'alléger toujours plus le matériel qui m'accompagne au quotidien.

Daido Moriyama dans ses oeuvres

Photo Daido Moriyama

Photo Daido Moriyama

À titre personnel, Daido Moriyama me donne en vie de toujours photographier plus. Plus de noir, plus de couleurs, plus de personnages, plus de mon quotidien, plus de rencontres urbaines de chair, de métal et de béton.

Tout ce qui m'importe est que ce qui est en face de moi soit intéressant ou non.

Daido Moriyama - How I Take Photographs

Pour vous procurer le livre How I Take Photographs , ça se passe par ici.

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